L’idée d’avoir un poulain de votre jument vous charme? Sachez que vous devrez franchir plusieurs étapes avant que son petit bout de nez ne se pointe! Afin de vous préparer aux embuches qui se trouveront sur votre chemin et d’ainsi les éviter, nous vous suggérons de vous informer le plus possible auprès de votre vétérinaire et de lire ce qui suit! Bonne lecture!
Avant la conception
Avant de commencer toute démarche, et pour maximiser vos chances de conception d’un embryon, vous devez tout d’abord vous assurez que votre jument poulinière est en bonne santé. Elle doit notamment recevoir une ration complète et balancée, ainsi que présenter un état de chair adéquat, soit entre 5 et 6 sur une échelle de 9. La vermifugation et la vaccination doivent également être à jour. Finalement, la santé dentaire doit être appropriée afin d’éviter toute perte de poids, qui pourrait être nuisible pour la croissance du fœtus. De plus, cela permet d’éviter le stress d’un râpage dentaire et l’utilisation de tranquillisant au cours de la gestation.
Suite à l’insémination
Les 50 premiers jours de la gestation sont les plus critiques chez la jument. On retrouve normalement un taux de perte embryonnaire de 10 à 15% dans les 30 premiers jours. La mortalité embryonnaire peut être précipitée par de multiples facteurs, dont le stress, la maladie, les infections utérines, les anomalies hormonales et la présence de jumeaux.
La confirmation de la gestation peut être effectuée par votre vétérinaire grâce à l’échographie. Le premier diagnostic de gestation peut se faire entre 14 et 17 jours après l’ovulation. Toutefois, vu le risque de mortalité embryonnaire, une deuxième échographie entre 26 à 30 jours est recommandée. Cette échographie permet de vérifier la viabilité de l’embryon en visualisant le battement cardiaque et confirme l’absence de jumeaux, qui peuvent avoir été difficile à distinguer en jeune âge. Finalement, la période critique se terminant à 50 jours, une échographie passée ce stade est fortement conseillée. La confirmation de la gestation par le retour en chaleur peut être faussée par le caractère silencieux de certaines chaleurs ou, d’autant plus, lorsqu’il y a absence d’étalon.
Notez que la palpation transrectale et l’échographie transrectale ne posent aucun risque pour la poursuite de la gestation ou pour le développement embryonnaire.
Au cours de la gestation
En ce qui a trait aux soins de la jument au cours de la gestation, le mot d’ordre est d’user de votre bon jugement! Ainsi, le transport de la jument doit se faire seulement si nécessaire. Il est également recommandé de diminuer l’exposition aux autres chevaux, notamment les nouveaux arrivants ayant un statut inconnu et les chevaux participants à des rassemblements, afin d’éviter la transmission de maladies.
Au cours des sept premiers mois, la jument peut être entraînée normalement et bénéficiera même d’un entraînement modéré. Afin d’établir un plan d’alimentation adapté à l’animal et aux conditions environnementales, il est recommandé de consulter votre vétérinaire ou votre nutritionniste.
Lors des quatre derniers mois, l’exercice doit être d’intensité légère à modérée et toute activité vigoureuse est non recommandée. Votre jument en aura bien assez de se déplacer pour brouter! De plus, vu l’augmentation de la demande énergétique dû à la croissance rapide du poulain, l’ajout de moulée est à prévoir. Il est toutefois important d’éviter l’obésité, car le poulinage est une activité physique intense et votre jument doit être en bonne forme physique! L’apport énergétique trop élevé pour même causer des troubles au poulinage.
Tel que discuté plus haut, la vaccination de la jument poulinière devrait être à jour avant la saillie ou l’insémination. Toutefois, il est recommandé de faire un rappel des vaccins un mois avant le poulinage afin d’augmenter le nombre d’anticorps dans le colostrum (premier lait). De plus, des lacérations sont possibles au cours du poulinage, ce qui met la jument à risque de contracter le tétanos. Une vaccination à jour permet donc d’éviter tous soucis! Finalement, il existe un type d’herpèsvirus causant des avortements en fin de gestation. Heureusement, une cédule de vaccination incluant des rappels au 5e, 7e et 9e mois de la gestation peut facilement éviter la maladie. Parlez-en à votre vétérinaire!
La vermifugation, idéalement basée sur la coprologie (analyse de selles), est très importante chez la jument gestante. Consultez votre vétérinaire pour connaître la meilleure façon de faire pour votre jument.
De plus, si votre jument a subi une chirurgie vulvaire pour éviter la présence d’air au niveau du vagin, communément appelée Caslick, les lèvres de sa vulve doivent être réouvertes par votre vétérinaire 2 à 4 semaines avant la date prévue de la mise bas.
Complications de la gestation
La gestation gémellaire pose d’importants problèmes chez la jument, car les fœtus seront, dans la plupart des cas, avortés spontanément entre 6 à 8 mois de gestation. Cet avortement peut se compliquer lors de la mise bas par l’entremêlement des avortons, ce qui posent de graves risques pour la survie de la jument.
C’est pourquoi la détection rapide des jumeaux permet au vétérinaire de pouvoir remédier à la situation et ainsi, éviter des complications pour le fœtus et la jument. En effet, le vétérinaire peut tenter d’écraser l’une des deux vésicules, si elles ne sont pas trop près l’une de l’autre. Une vérification échographique doit ensuite être faite afin de s’assurer de la réussite du traitement et de la viabilité de l’embryon restant. Il est certain que l’inflammation causée par la procédure peut causer la perte du 2e embryon. C’est pourquoi la détection et l’écrasement des jumeaux doit se faire avant 34 à 40 jours de gestation. En effet, passé cette date, des structures utérines nommées « cupules endométriales » vont produire une hormone qui mimera la gestation pour les 3 mois suivants, et cela, même si aucune gestation n’est en cours. Cela implique donc qu’aucune conception n’est possible pendant ce temps, vu l’absence de chaleurs.
L’avortement est l’une des principales complications lors de la gestation chez la jument. Une telle condition est suspectée si vous observez un écoulement vulvaire, du lait coulant de la mamelle ou si vous trouvez un morceau de placenta ou un fœtus. Dans tous les cas, contactez votre vétérinaire le plus rapidement, car même si la jument ne démontre aucun symptôme, un examen reproducteur doit être effectué pour éviter tout problème. Effectivement, les rétentions placentaires sont fréquentes lors d’avortement et peuvent s’avérer fatale pour la jument!
Les causes d’avortement sont multiples et parfois difficiles à trouver. Toutefois, le placenta et le fœtus peuvent être envoyés pour analyse afin de déterminer la cause. Vous devez donc contacter votre vétérinaire le plus rapidement possible et conserver les morceaux trouvés dans un endroit propre (sac de poubelle) et au frais (glacière ou sous la neige extérieure).
Cette capsule tente de résumer les points les plus importants à se rappeler pour votre jument gestante. Toutefois, certaines juments peuvent demander des soins plus particuliers, alors n’hésitez pas à nous contacter pour établir les besoins de votre jument.